Enfermées dans un pays au cœur d’un hiver éternel, Mila et ses sœurs se réveillent un matin pour découvrir que leur frère Oskar a été enlevé par de mystérieux voyageurs. Bien décidée à le retrouver, Mila va vite réaliser que tous les garçons du village ont disparu. Tous, sauf un : Rune, le mage. Mila et Rune partent alors pour un long voyage à la recherche des enfants perdus. Ils traverseront les plus hautes montagnes peuplées de loups et les plus terrifiantes régions du Nord, où le froid règne en maître.

First impressions : J’ai emprunté ce livre à ma meilleure amie… à qui je l’ai offert à Noël dernier sur un coup de cœur de façade ! 😅 En effet, je n’ai pas pu résister à la magnifique couverture hivernale, ni au résumé en forme de conte de fées. Et bien m’en a pris (je crois) !

Bouleversées, les choses que l’on se racontait le furent elles aussi. Fini les récits de miel et d’abondance : les contes devinrent des mises en garde, cuisantes comme des piqûres d’abeilles. Les oies de feu qui, en été, portaient le soleil sur leur dos se muèrent en cygnes des neiges qui s’attaquent aux doigts et aux orteils dénudés et les brisent net. Les nymphes des rivières devinrent des vierges des glaces qui rôdent au fond des lacs gelés en guettant les enfants imprudents pour les entraîner sous l’eau. Des voix nostalgiques parlaient d’îles enchantées où patientait le printemps, de cascades d’or plongeant dans des bassins de soleil, mais invariablement ces lieux étaient inaccessibles, juste derrière l’horizon glacial.

Les ☑ : Quelle belle plume ! Kiran Millwood Hargrave a véritablement un don pour faire naître de belles images à partir des mots qu’elle a posé sur le papier. Il y a une réelle poésie dans la façon dont elle décrit ce pays sous l’emprise d’un hiver interminable, que l’on sent imprégné du folklore nordique et/ou canadien, sans qu’aucune figure véritablement reconnaissable ne soit jamais évoquée. C’est à travers l’évocation puissante d’une Nature qui reprend après avoir tant donné que l’auteure déploie toute la force de son récit. En l’évoquant d’une manière véritablement organique, jusque dans la façon dont Mila est attachée si fort à « sa » forêt, elle en fait un personnage tutélaire incontournable de son histoire, à la fois alliée et antagoniste majeur.

Autant à travers son style délicat, très onirique, que par le biais de son histoire, Un Hiver sans fin m’a très rapidement évoqué un autre coup de cœur qui donne lui aussi dans le folklore nordique : le formidable Déracinée de Naomi Novik, dans lequel on retrouve là aussi une Nature en colère et des arbres-cœur. Autant de similitudes qui m’ont fait me sentir bien aux côtés de Mila et ses sœurs. Munie de ces précieux repères, je me suis laissé emporter sans difficulté dés les premières pages, les yeux cernés de neige. J’ai apprécié le courage de Mila, et surtout de la petite Pipa, véritablement attachante, avec un gros coup de cœur pour leurs deux fidèles compagnons à quatre pattes : Dusha et Danya. Leur dangereux périple se suit avec plaisir, et une certaine perception de l’air vif du Grand Nord. Un grand bol d’air frais au fil des pages !

Les ✖ : Si le dépaysement a été total, j’ai un peu regretté la gestion du rythme, trop inégal à mon goût. L’introduction m’a paru presque plus longue que le voyage qui suit et que je pensais être le cœur du récit, plus initiatique, plus « formateur », quand la résolution m’a paru, quant à elle, un peu trop rapide. J’aurais aimé en apprendre plus sur Rune et sur son druidisme, à peine effleuré. J’ai aussi eu la sensation que, en-dehors du cercle familial, et notamment de leur sororité, les liens de Mila et Pipa avec les autres personnages sont un peu factices, les personnages secondaires eux-mêmes quasi anecdotiques. J’ai un gros penchant pour les personnages fouillés, complexes, et là pour le coup, je suis restée sur ma faim. Mais je garde à l’esprit que ce roman se compose comme un conte, un genre qui détaille assez peu ses personnages, en général, au profit des péripéties.

In the end : Ce fut une très bonne lecture que ce joli conte, idéal pour la saison, et assorti d’une bien jolie morale. Un livre poétique, délicat, qui peut se lire d’une traite, bien calé au chaud.

Bon, maintenant, il va falloir que je le rende !