Béatrice et Erwan filent le parfait amour à Paris, loin de Lorient, la ville d’origine du jeune homme, et de sa famille loufoque. Mais à l’approche de Noël, il doit retourner dans le bar-restaurant de ses parents. Car pour le réveillon, les Guellec se plient en quatre et n’attendent qu’une chose : la venue de leur fils chéri. Par amour, Béatrice accepte d’accompagner son petit ami en Bretagne. Autant dire que les retrouvailles et les présentations s’annoncent hautes en couleur… Sans compter que le festin surprise n’est autre qu’un énorme homard. Béatrice, horrifiée, découvre la bête que quelqu’un a soigneusement planquée dans le garage. En bonne végan qui se respecte, c’est décidé, elle fera tout pour sauver Albert – le crustacé en sursis – et lui rendre sa liberté !

First impressions : A l’approche des fêtes, vous vous en êtes certainement rendu compte, les comédies romantiques de Noël sont rituellement de sortie. A tel point que, ces dernières années, il est pratiquement impossible de résister à leurs chants festifs, tout autant que de faire un choix, tant la proposition est large et, semble-t-il, inépuisable. A l’entrée de mon Cultura, sur un podium aussi rutilant qu’un sapin bardé de guirlandes, le podium dédié à ce genre plébiscité m’a évidemment fait de l’œil. Happée par les couvertures alléchantes, toutes plus attirantes les unes que les autres, j’ai vite déchanté à la lecture des résumés qui, sur l’échelle du sirupeux, allaient crescendo de « légère indigestion » à « dégoût total ». C’est pourquoi, au milieu de cet amas de bons sentiments déclinés en plus de cinquante nuances, j’ai finalement jeté mon dévolu sur ce livre : la promesse du titre était trop tentante.

– Albert ? Est-ce que tu es là ?

Elle le retrouva plus loin, dans l’atelier, bien planqué dans un recoin sombre, derrière tout un tas d’objets accumulés. Quelqu’un avait pris soin d’humidifier son torchon. En se renseignant sur Internet, Béa avait découvert qu’Albert pourrait rester vivant deux ou trois jours de la sorte; elle disposait de plusieurs heures pour agir.

– Ne t’inquiète pas, je te sauverai.

Les ☑ : Le titre, d’abord ! Franchement, vous n’auriez pas craqué, vous, pour une rom-com de Noël dont le héros supposé est… le homard destiné au repas de fête ? L’idée est trop géniale ! Et tellement dans l’air du temps. Même si le traditionnel combo de Noël huîtres/foie gras/chapon a la dent dure, les tables de réveillon se parent de plus en plus de mets différents, comme autant de remises en question de notre alimentation, et de notre rapport au vivant. Et je peux vous dire que, quand on a observé plusieurs douloureuses secondes durant, comme moi, les soubresauts agonisants d’une poignée de langoustines sur l’étal du poissonnier, bah l’empathie pour le homard rapplique à vitesse grand V ! L’esprit vegan, même s’il ne me convainc toujours pas, a fait souffler sur cette comédie un vent bienvenue de nouveauté.

Très fraîche, éclaboussée d’embruns vivifiants, l’histoire se suit avec plaisir, à mesure que les quiproquos s’enchaînent. La romance surplombe le tout mais, contrairement aux bluettes dont l’industrie de Noël a si souvent le secret, Lise Syven (bretonne pure souche) a écrémé son récit de toute mièvrerie. A la place, on trouve beaucoup de tendresse, et une remise en question très contemporaine des liens familiaux, dans laquelle l’ancienne génération (Patrick et Régine!) se heurte aux évolutions majeures de la jeune (Erwan, Béa, Yann… et Badou). Beaucoup de tendresse donc, pour la famille, la planète, les gens bourrus, les mères possessives, les ex fières, les crustacés, les gens pressés, les gens bourrés, le caramel beurre salé… et la gare de Vannes.

Les tribulations autour d’Albert emportent nettement le morceau. L’infortuné homard cristallise tellement d’enjeux que ça en devient rapidement cocasse. On se croirait, par moments, en pleine partie de Risk !

Les ✖ : Franchement, je pourrais pinailler en prétextant qu’il y a encore trop de n’amourettes dans ces pages mais… ça serait pure mauvaise foi. En fait, cette comédie festive est suffisamment bien dosée pour ne pas estourbir les réfractaires aux bluettes tels que moi. C’est plutôt bon signe !

In the end : J’ai passé un très bon moment en compagnie de Béa, Patrick, Albert, et les autres mousquetaires. C’est un bon livre feel-good, plein de bons sentiments mais qui n’en dégouline pas non plus. La recette est digeste, inventive, et gourmande. Une belle friandise végane !